lundi 26 décembre 2011

Clés pour mieux communiquer: astuces de pro pour améliorer sa communication au quotidien

Découvrez comment vos cinq sens vous aident à être en phase avec votre environnement, repérez les opinions différentes des autres et adaptez vous pour plus d'efficacité
Le petit enfant qui arrive dans le monde est une créature miraculeuse...dotée de cinq sens extraordinaires, le petit est prêt à découvrir le monde entier ! De plus, sa capacité à tisser des liens émotionnels avec les autres renforce ses capacités.
Seulement voila...nous avons tendance à n'utiliser de manière préférentielle que l'un ou l'autre de nos cinq sens et à perdre une grande partie de notre potentiel de communication. Apprenons à retrouver les possibilités qui dorment en nous, sans oublier que ce qui ne sert pas s'atrophie !

La perception idéale selon Léonard de Vinci

Léonard de Vinci résume bien cette atrophie de nos capacités sensorielles et de nos perceptions : il disait que l'homme "regarde sans voir, écoute sans entendre, touche sans sentir, mange sans gouter, se déplace sans le ressentir, respire sans avoir conscience des odeurs ou des parfums et parle sans réfléchir."... nous avons de quoi nous améliorer. En réalité, sur la totalité de notre potentiel de communication et de perception, nous n'utilisons qu'une infime partie.

Filtres sur la réalité : notre perception est limitée

Nous nous spécialisons sur un sens, un mode de perception : certains seront plus visuels, et parleront en terme d'évidence, de clair, diront "je vois bien ce que tu veux dire". D'autres seront plus auditifs, sensibles aux bruits et aux harmonies, disant "j'entends bien ce que tu veux me dire". D'autres encore seront plus sensibles au toucher, que l'on nomme aussi le sens kinesthésique : ils seront sensibles à l'atmosphère, au ressenti.
Comprenons bien qu'en équipe, ou pour pratiquer un bon leadership, ces filtres de la perception sont un obstacle à la saine communication : un visuel risque de passer à côté de ce qui est important pour un auditif, et réciproquement. Ces filtres sur la réalité sont un obstacle réel à une saine communication, comme l'ont bien compris par exemple les concepteurs du marketing sensoriel qui savent jouer à fond sur la puissance de nos cinq sens pour faire appel à chacun d'entre nous, quel que soit son filtre sensoriel préférentiel.

Le VAKOG : un système pour mieux se comprendre et pour améliorer sa communication avec les autres

  • V pour visuel
  • A pour auditif
  • K pour kinesthésique
  • O pour olfactif
  • G pour gustatif
Bien entendu, nous pouvons repérer ces "filtres" du VAKOG sur nous-même et sur les autres, ce qui peut nous donner de grands avantages dans la communication : en effet nous pouvons adopter le langage d'un visuel en lui parlant d'images, d'un auditif en lui parlant de sons, de voix, d'un kinesthésique en comprenant ce qui est le sens le plus important pour lui, le ressenti : succès de la communication garanti !

Stratégies du génie ! les observations de Robert Dilts

Robert Dilts est l'un des principaux chercheurs dans le domaine de l'application de la PNL à la communication et de ses applications aux domaines de la communication, de la thérapie, de l’éducation, du management et du leadership en entreprise. Il a publié une série d'ouvrages très intéressants, qui note que les génies dans différents domaines de la création. (Disney, Mozart, Vinci, Aristote...).
Robert Dilts nous propose des exercices tout simples pour retrouver l'usage des sens que nous utilisons moins (par exemple, un auditif sera appelé à développer son côté visuel). Selon Dilts, tous les génies savent utiliser en même temps leurs différents canaux sensoriels pour une communication optimale. Il s'agit de réveiller des capacités latentes en nous, ce qui est tout à fait possible et surtout redoutablement efficace.

La modélisation de l'excellence : pour améliorer au mieux ses capacités de communication et de leadership

La modélisation des comportements est l'un des éléments clés de la PNL. Elle permet de cartographier les processus qui sont efficaces, qui conduisent au bien-être ou au succès, puis de les reproduire en tout ou partie, en fonction des objectifs personnels de chacun. Face à une autre personne qui réussit quelque chose mieux que nous, nous pouvons soit nous contenter d'éprouver de l'envie, soit tenter de comprendre comment il y parvient, grâce à la modélisation de son comportement. Ces techniques très simples donnent à chacun la capacité de trouver les ressorts de l'excellence et de l'efficacité.
A lire :
Robert Dilts, Stratégies du Génie, Mozart et Disney, DDB (différents volumes consacrés aux différents génies : Vinci, Mozart, Disney, Sherlock Holems... des ouvrages très intéressants et faciles à lire et à mettre en pratique.)

vendredi 16 décembre 2011

Asperger : quelques clés pour mieux comprendre ce syndrome

Trouble envahissant du développement, on l'appelle aussi « autisme de haut niveau ». Présentation de ce « TED » que le film « Rain man » a fait connaître au grand public.
246 cure-dents. L'une des premières fois où le syndrome d'Asperger a été présenté au grand public, c'est sans doute par l'intermédiaire de Raymond, personnage interprété par Dustin Hoffman dans le film Rain man. Celui-ci avait calculé, à une vitesse prodigieuse, le nombre de cure-dents que Charlie Babbit, joué par Tom Cruise, avait renversés au restaurant...
Mais loin de cette vision cinématographique, le syndrome d'Asperger est un trouble envahissant du développement (TED) reconnu et classifié par le DSM IV, la « bible » des critères de diagnostics internationaux des troubles psychiques.

Qu'est-ce que le syndrome d'Asperger ?

C'est en 1944 que le psychiatre autrichien Hans Asperger a établi, pour la première fois, les troubles bien précis qu'il a regroupés sous le syndrome qui a pris son nom et qualifié d'« autisme de haut niveau ». La personne atteinte du syndrome d'Asperger souffre de difficultés de communication et dans les rapports sociaux. Elle a souvent un comportement répétitif, des intérêts et des activités spécifiques.

A quoi reconnaît-on un syndrome d'Asperger ?

  • perfectionnisme
  • sensibilité aux détails
  • grand respect des règles
  • pensée analytique, autre forme d'intelligence, logique indéniable
  • mémoire extraordinaire
  • objectivité et honnêté
  • résistance au changement
  • grandes difficultés à faire un choix
  • détachement des affects et des émotions
  • isolement social et affectif, difficultés d'adaptation sociales
Telles sont les grandes caractéristiques du syndrome d'Asperger.

Asperger : inadéquation avec le monde extérieur et isolement affectif

Comme pour chacun d'entre nous, le corps, le cerveau, les cinq sens de la personne « Asperger » reçoivent des informations mais il y a ensuite un problème d'interprétation, par le cerveau, de ces informations : la personne décode mal la vie, l'environnement, les relations sociales, en général.
Elle souffre généralement d'une hypersensibilité sensorielle et se trouve littéralement démunie et submergée devant les informations que lui donnent ses sens, car le cerveau ne parvient pas à les interpréter.

Asperger et le langage imagé ou non verbal

La personne « Asperger » a également une communication non verbale très limitée et montre peu ou pas d'expressions gestuelles ou faciales. Elle n'utilise pas de façon adéquate les informations que son cerveau a reçues. Elle a beaucoup de mal à comprendre les subtilités du langage, comme l'humour et l'ironie, ou le langage imagé. Ne lui dites jamais, par exemple : « Tu donnes ta langue au chat ? » Le langage poétique, imagé et le monde des romans lui sont incompréhensibles. En revanche, les chiffres constituent son domaine de prédilection car il n'y a pas d'affect. Sa mémoire est, dans ce domaine, impressionnante.

Les problèmes d'intégration sociale

Nous comprenons bien que la personne « Asperger », au vu de ces quelques éléments, souffre d'une altération des interactions sociales, à cause de ses difficultés de décodage du monde extérieur. Elle a également du mal à comprendre les règles sociales et se retrouve souvent isolée. Elle a beaucoup de mal à nouer des contacts, à se faire des amis.
La résistance au changement et à la nouveauté

La résistance au changement est l'un des symptômes que l'on retrouve très fréquemment chez la personne « Asperger ». En raison de ses difficultés à interpréter les signes et le langage non verbal de son environnement, elle attache beaucoup d'importance à la routine, aux habitudes. Comme elle a beaucoup de mal à s'adapter à toute nouveauté en raison des difficultés d'interprétation déjà évoquées, elle est sujette à l'angoisse et peut adopter des comportements obsessionnels pour ritualiser les conduites routinières qui la rassurent.

Comment repérer les premiers signes d'autisme ou d'Asperger chez un enfant

Il y a certains signes que l'on peut repérer chez un enfant avant trois ans et qui peuvent aider à suspecter un TED, autisme ou Asperger :
  • l'enfant fait peu de tentatives pour communiquer, peu de mimiques, peu de gestes, peu de sons
  • l'enfant ne réagit pas aux bruits, à la voix : il semble sourd
  • l'enfant ne suit pas des yeux, on a du mal à croiser son regard
  • l'enfant n'adapte pas sa posture quand on le prend dans les bras
  • l'enfant semble indifférent aux personnes et au monde extérieur
  • l'enfant ne sourit pas
  • l'enfant présente des troubles importants du sommeil et de l'alimentation

Repérer l'« Asperger », méthodes, traitements, espoirs

En général, on observe que le début des troubles se situe avant l'âge de trois ans. Chez certains enfants, les indices d'un TED peuvent être repérés dès la naissance ou au cours de la première année. Parfois, les premiers signes n'apparaissent que pendant la deuxième ou la troisième année. Notons aussi que ce syndrome affecte beaucoup plus les garçons que les filles, pour des raisons encore inconnues.
Parmi les méthodes qui offrent beaucoup d'espoir, notons la méthode ABA, (Applied behavior analysis), ou analyse appliquée du comportement, qui propose des outils pour aider l'enfant à adapter son comportement.
Citons également la méthode du PECS : c'est un système visuel qui a pour but d'apprendre aux enfants souffrant de troubles de la communication à s'exprimer ou à faire des demandes. Ce système peut aider les enfants découragés, car ne parvenant pas à utiliser le langage verbal, à renouer la communication.

Quelques personnes « Asperger » célèbres

Dans le monde « réel », nous pouvons trouver de nombreuses personnes atteintes du syndrome d'Asperger. Citons, par exemple : Albert Einstein, Bartok, Glenn Gould, Michel-Ange, George Lucas (Star Wars), Ludwig Wittgenstein (philosophe), Bill Gates...
Dans le monde « fictif », citons : Lisbeth Salander de Millenium, Dr. Virgina Dixon dans la saison 5 de Grey's Anatomy, le professeur Tournesol dans Tintin... Le Dr. James Wilson, dans la série Dr. House, évoque l'hypothèse que House lui-même soit atteint d'Asperger...
Pour en savoir plus :
Sur le syndrome d'Asperger et ses traitements : Aspergeraide.comVivre avec le syndrome d'Asperger, un handicap invisible au quotidien, deLiane Holliday, éditions De Boeck Université, 2008.
PECS, picture exchange communication system, par Pyramid educational consultants Inc., janvier 2002.

samedi 10 décembre 2011

Enfant adulte d'alcoolique: comment vivre après un parent alcoolique ?

L'alcoolisme est une réalité dans notre société. Parents, collègues, amis... ne se rendent pas compte que ceux qui vivent autour d'eux en subissent aussi les conséquence
Il n'est pas si rare de rencontrer quelqu'un qui a eu un problème d'alcool ou qui appartient à une famille où l'alcool était un sérieux problème. Souvent l'alcoolisme se manifeste, dans les cas les plus graves, par des actes de violence sur les membres de la famille.
Au fur et à mesure que l'expérience clinique approfondit nos connaissances et que les groupes de thérapie comme les Alcooliques Anonymes se développent sur le territoire, nous remarquons quand-même que toute l'attention est centré sur l'alcoolisme, l'abus d'alcool et les alcooliques.
Et les enfant qui ont grandi dans une famille, où un parent (parfois les deux) était un alcoolique ?

L'alcool : une maladie

"Je n'ai pas la force, c'est la dernière fois". Combien de fois ceux qui sont proches d'un alcoolique ont eu à entendre ces mots ! Et de l'autre côté, la famille et les amis qui commentent "Il n'est pas fort, il n'a pas assez de volonté". Ce regard sur l'alcool comme un vice parmi d'autre et sur l'alcoolique comme une simple personne qui a un vice n'a pas permis d'avancer davantage sur les dégâts réels que subissent les enfants d'alcoolique.
Les spécialistes ont aujourd'hui fort à faire pour diffuser une nouvelle "culture" : l'alcoolisme est bien une maladie, ce n'est pas seulement une addiction comme par exemple la cigarette. Avant, il fallait participer à une séance de thérapie, rencontrer un médecin spécialiste ou contacter les Alcooliques Anonymes pour ouvrir les yeux et prendre conscience de cette maladie.
C'est bien le but du film Le dernier pour la route (2009), dans lequel le protagoniste (François Cluzet), patron d'une agence de presse et alcoolique décide d'en finir avec sa dépendance et se retire dans une clinique spécialisée dans le sevrage. Même si ce film est basique, il a l'avantage de faire connaitre cette problématique.
Aux Etats Unis, les chercheurs qui s'occupent du traitement de l'alcoolisme et de sa famille, affirment sans difficulté que les enfants qui ont grandi dans une famille dysfonctionnelle sont plus fragiles que les autres. Les parents sont un modèle, que nous le suivions ou que nous le refusions sous forme de rébellion.
La psychologie de l'enfant se forme dans cette relation à la mère et au père, toute blessure et toute déception vont donner des fragilités psychologiques, plus ou moins importantes. Or les recherches montrent que les enfant d'alcooliques ont dans l'ensemble une perte d'estime de soi et éprouvent des difficulté à résoudre leurs problèmes de façon autonome et individuelle selon l'évolution d'un adulte équilibré.

Un guide en 13 points

Janet G. Woititz, conseillère en relations humains et spécialiste de l'alcoolisme, a dédié plusieurs ouvrage à ce sujet. Selon son expérience, ces enfants se retrouvent fréquemment dans des types personnalités qui ont certaines caractéristiques, que l'on peut résumer en 13 points :
  1. déni
  2. culte de la protection du buveur
  3. gêne, éloignement des occasions de boire
  4. volte-face dans les relations pour dominer, prise de contrôle, égocentrisme
  5. culpabilité
  6. obsession, inquiétude continuelle
  7. crainte
  8. mensonge
  9. faux espoir, désappointement, euphorie
  10. confusion
  11. problèmes sexuels
  12. colère
  13. léthargie, désespoir, apitoiement sur soi, remords, désespoir

Les experts en alcoolisme sont d'accord

Le plus difficile est de sortir du cercle de silence et de la honte qui se forme autour du buveur dans la famille. Beaucoup d'efforts sont fait pour une diffusion culturelle de ce qu'est l'alcoolisme et pour faire mieux connaitre ses effets nocifs sur la santé du buveur et sur le psychisme de son entourage.
En conclusion, quatre affirmations à propos desquelles tous les experts en ce domaine sont d'accord :
  • l'alcoolisme est une maladie
  • c'est un problème de famille et pas seulement le problème du buveur
  • les enfants d'alcooliques courent le risque de devenir, plus facilement que d'autres enfants, alcooliques.
  • les enfants d'alcooliques sont portés à se marier avec des alcooliques.

Conseils pour le rétablissement

Il est évident que le fait d'être des enfants-adultes d'alcooliques n'est pas une maladie, même s'il est possible qu'aujourd'hui encore, vous en portiez des conséquences. Pourtant, prendre conscience de sa propre histoire peut aider à expliquer l'origine de certains problèmes et peut donner une nouvelle possibilité d'apprendre une autre façon de vivre.
Ce parcours peut passer par le choix d'un bon thérapeute, tout en sachant que nous tous sommes d'une façon ou d'une autre en rétablissement puisque très peu d'entre nous ont bénéficié d'une enfance idéale.
A lire :
Janet G. Woititz, Enfants-Adultes d'Alcooliques, Science et Culture, 2002.
Hervé Chabalier, Le dernier pour la route, Pocket, 2005 et le FILM du même titre.
Philippe, Pour en finir avec l'alcoolisme, La Découverte, 2006.
A voir :
Le dernier pour la route, film avec François Cluzet

lundi 28 novembre 2011

Apprendre à définir ses objectifs : une méthode simple de coaching perso

 
 
Une définition d'objectif suivant le modèle SMART, c'est l'assurance de parvenir là où vous voulez aller. Une méthode très efficace pour obtenir ce que vous voulez.
La première étape pour avancer c'est... de savoir où vous désirez aller ! Souvenez-vous de la question absurde que pose Alice au Pays des Merveilles au fameux Chat du Cheshire : "Voudriez-vous me dire, s'il vous plait, quel chemin je dois prendre pour m'en aller d'ici ?" "Cela dépend largement de là où vous voulez aller," répond l'animal impertinent en souriant malicieusement. "Peu m'importe", dit Alice. "Alors le chemin que vous allez prendre n'a pas d'importance", lui répond le chat du Cheshire.

De l'art de tourner en rond : comment aller nulle part

Si la conversation d'Alice et du chat peut sembler absurde, si nous regardons honnêtement nos stratégies, la manière dont nous vivons notre vie, reconnaissons que bien souvent, nous avançons au petit bonheur la chance, sans avoir pris le temps de définir clairement nos objectifs. Bien souvent, notre seule motivation pour avancer est, comme celle d'Alice, de "nous en sortir", de sortir d'une situation, pour aller vers un hypothétique ailleurs... mais ne risquons-nous pas de perdre du temps, de tourner en rond, de vivre au pays des merveilles et de l'absurde, de rêver notre vie au lieu de vivre nos rêves ?

Rêver sa vie ou vivre ses rêves : Vicky, Christina, Barcelona
Pour aller de l'avant, pour atteindre nos objectifs, il faut une idée très précise de là où nous voulons aller. Dans l'un des derniers films de Woody Allen, Vicky, Christina, Barcelona, Christina, magnifiquement interprétée par Scarlett Johansson, "sait très bien ce qu'elle ne veut pas", nous affirme le narrateur du film. Et de fait, à chaque fois qu'elle goûte à un bonheur possible, qu'elle touche ses rêves, elle hésite, elle sabote, elle ne sait pas...

Un remède à l'insatisfaction chronique

Et le personnage hystérique et passionné joué par Pélénope Cruz, Maria Elena, va lui répondre quand Christina sabote encore une fois sa vie en abandonnant ses rêves, en sabotant le bonheur qui est devant elle mais qu'elle ne sait pas reconnaitre parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle veut (mais ce qu'elle ne veut pas, subtile connaissance de la psyché humaine de Woody Allen !!!) : "Tu es une insatisfaite chronique" ! Car savoir ce que l'on ne veut pas, c'est la meilleure manière pour rêver sa vie. En revanche, savoir ce que l'on veut, c'est la voie royale pour vivre ses rêves !

Bien formuler ses objectifs avec la PNL : la méthode SMART

L'insatisfaction chronique, nous venons de le voir, c'est un mode de vie dont on peut sortir en définissant ses objectifs, et sachant ce que nous voulons vraiment. Cette méthode a été depuis longtemps adoptée en entreprise et nous pouvons nous en servir individuellement, au travail, en famille, pour aider un ado, pour un changement d'orientation professionnelle... petits objectifs, grands objectifs de vie, la définition d'objectif SMART est là pour nous. En suivant la procédure SMART, il est possible de bien définir ses motivations, ses ressources, ses peurs, pour définir et atteindre ses objectifs.

SMART : un objectif Spécifique, Mesurable, Approprié, Réaliste et Temporellement défini

  • Un objectif Spécifique : l'objectif doit être formulé de manière positive, nous l'avons bien compris avec l'exemple de Christina. Il ne doit pas être formulé en commençant par "je ne veux plus", ou "je ne veux pas", mais "JE VEUX". Si vous vous dites par exemple "je ne veux plus occuper ce poste", demandez-vous plutôt pour définir votre objectif "quel poste je souhaite occuper à la place".
  • Un objectif Mesurable : Je veux perdre du poids, voila un objectif que l'on ne peut jamais atteindre... après tout, en perdant 500 g, on a perdu du poids, mais est-ce là l'objectif ? De plus il est connoté négativement par le mot "perdre". Il faut mieux dire par exemple : "Je veux peser 60 kilos et m'y stabiliser"...De même "je veux gagner plus d'argent" n'est pas mesurable. "Je veux obtenir une augmentation de tel montant", oui.
  • Un objectif Approprié : L'objectif doit correspondre à ce que vous êtes. Et non par exemple à un projet parental qui ne vous convient pas. De plus, il ne doit dépendre que de vous.
  • Un objectif Réaliste : un objectif irréaliste, inatteignable, est la meilleure manière de démobiliser vos forces (et éventuellement vous renforcer dans les croyances négatives sur vous-même, par exemple : "je suis nul", "je suis un raté"... L'objectif doit certes vous aider à dépasser vos limites, mais ne pas être décourageant.
  • Un objectif Temporellement défini : Un objectif qui n'est pas défini temporellement devient de facto inatteignable. Six mois, un an, vous devez pouvoir vous visualiser en train d'atteindre cet objectif. Eventuellement, vous pouvez pratique le "chunking", c'est à dire diviser l'objectif en plusieurs sous-objectifs à atteindre en chemin, ce qui est très motivant et valorisant.
Un voyage de mille pas commence par un pas...
A lire :
Richard Bandler, Les secrets de la communication, les techniques de la PNL, Editions de l'Homme 2005.
Lewis Caroll, Alice au Pays des Merveilles, Poche 2002.
A voir ou à revoir :
Woody Allen, Vicky, Christina, Barcelona.
Alice au pays des merveilles, la rencontre d'Alice et du chat du Cheshire
La méthode SMART pour définir ses objectifs et se préparer à un entretien

dimanche 27 novembre 2011

PECS: une méthode pour aider les enfants autistes

Cette nouvelle méthode mérite d'être connue car les souffrances des parents dont les enfants sont atteints de troubles de la communication ne sont pas toujours bien prises en charge, et on leur laisse bien souvent très peu d'espoir d'amélioration des troubles de leurs enfants.

Les origines du système PECS

Développé aux Etats Unis par L. Frost et A. Bondy, ce système n'était utilisé au départ qu'avec les enfants autistes et les enfants atteints de TED de niveau préscolaire (enfants présentant une parole non fonctionnelle ou non acceptable socialement, ou encore écholaliques).

Le système PECS s'appuie sur les principes de la thérapie comportementale ainsi que sur le développement des aptitudes de communication fonctionnelle. Aujourd'hui le PECS est utilisé avec des gens de tous âges pour prévenir et corriger de nombreux troubles. L'un des avantages de ce système est qu'il ne nécessite pas de matériel complexe et d'entraînement technologique sophistiqué, il n'implique pas d'équipement coûteux.

La souffrance des parents d'enfants autistes

Face au silence et à l'absence d'échange verbal qui caractérise les enfants absents d'autisme, les parents sont souvent désemparés. Comment apprendre à communiquer avec leur petit ? Comment lui apprendre à communiquer avec les autres ? Une nouvelle méthode donne des résultats très prometteurs, coup de projecteur sur la méthode PECS.

Le PECS (Picture Exchange Communication System)

Le PECS est un système visuel qui a pour but d'apprendre aux enfants souffrants de troubles de la communication à s'exprimer ou à faire des demandes. Il faut tout d'abord comprendre que ces enfants ont de la difficulté à s'exprimer, et que souvent, ces enfants préfèrent organiser leur pensée par l'image que par le verbal. Ce système peut aider les enfants découragés car ils ne parviennent pas à utiliser le langage verbal à renouer la communication.

Les objectifs du PECS :

Ce nouveau système a pour objectif d'apprendre à l'enfant à initier spontanément une interaction de communication en lui apprenant qu'il peut s'approcher d'un adulte et lui donner l'image de l'objet qu'il désire, et qu'il recevra en échange cet objet. Il s'agit d'un apprentissage essentiel pour ces enfants qui n'ont pas accès au langage verbal. En effet bien souvent, les adultes tentent d'amener ces enfants au niveau verbal. Mais ce système permet d'aller vers l'enfant au lieu d'essayer de conduire l'enfant vers un niveau qu'il ne parvient pas à atteindre et qui le décourage, renfoçant toujours d'avantage son enfermement.

Comment fonctionne le système PECS

Le système utilisé est simple : quand l'enfant amorce un geste pour prendre l'objet qu'il désire, l'adulte va diriger le geste de l'enfant pour lui faire prendre l'image représentant cet objet et la donner à la personne qui est devant lui. Cette personne fait une incitation gestuelle, consistant à tendre la main, pour aider l'enfant à comprendre ce qu'on attend de lui. Il s'agit donc d'un système alternatif au langage verbal qui aide l'enfant à communiquer, même non verbalement.

Les différentes phases d'apprentissage du PECS

  • Echange physique ; mouvement de l'enfant vers l'objet qu'il désire, un adulte le dirige vers l'image représentant cet objet
  • Augmenter la spontanéité : l'enfant apprend à prendre l'image représentant l'objet qu'il désire sur un tableau en classe, et à la tendre à un adulte. L'adulte replace ensuite l'image sur le tableau. L'enfant apprend pendant cette phase à remplacer l'objet par l'image, ce qui représente un substitut alternatif à la représentation de l'objet par le mot le désignant.
  • Discrimination d'images : pendant cette phase, l'enfant apprend à choisir l'image appropriée placée parmi d'autres images sur son tableau de communication. C'est une phase essentielle pendant laquelle l'enfant apprend à "communiquer" en choisissant la bonne image entre une image appropriée et une image non appropriée, à discriminer entre plusieurs objets. L'adulte doit bien vérifier pendant cette phase la correspondance afin de s'assurer que l'enfant prend l'image de l'objet qu'il désire.
  • Structure d'une phrase. Pendant cette phrase, il faut montrer à l'enfant à faire une phrase pour formuler ses demandes en utilisant un "carton phrase" et l'image portant le message 'je veux". Pendant cette phase, l'adulte entraine l'enfant à placer l'image de l'objet désiré à coté de l'image mentionnant 'je veux" et à aller donner le carton phrase à l'adulte à qui il formule sa demande. L'enfant peut aussi aller déplacer l'image portant la formule 'je veux " pour la mettre sur le carton phrase, et placer l'image de l'objet désiré à côté.
  • Répondre à la question 'qu'est-ce que tu veux ? Cette phase continue à utiliser le carton phrase et l'image 'je veux ", en développant encore plus les capacités de communication alternatives acquises par l'enfant. L'adulte montre l'image 'je veux" et demande à l'enfant : "qu'est-ce que tu veux ?
  • Une sixième phase inclut d'apprendre à l'enfant à commenter suite à cet échange et à répondre à plusieurs questions : -' Qu'est-ce que tu veux ? ", ' Qu'est-ce que tu vois ? " ' Qu'est-ce que tu as ? "
Une nouvelle méthode qui suscite beaucoup d'espoirs et de résultats prometteurs.
Pour en savoir plus :
Le site officiel de présentation du système PECS en France : cliquez ici
A lire : PECS, Picture Echange Communication System, Pyramid Educational Consultants, Inc. (1 janvier 2002)

samedi 26 novembre 2011

Enfant de remplacement: le cas Vincent Van Gogh

Avec son oreille coupée, sa mélancolie et le mystère de sa vie cachée, l'artiste nous laisse l'image d'un poète maudit. Coup de projecteur sur le cas Van Gogh.
Lors de la commémoration du centenaire de la mort de Vincent Van Gogh en 1990, Amsterdam est envahie par le flot des admirateurs innombrables de l'artiste. Lui qui n'a connu toute sa vie que l'ombre, l'obscurité, l'anonymat, est aujourd'hui l'objet d'un véritable culte. Lui qui a été solitaire, tourmenté, incompris, méprisé, qui n'a reçu d'assistance et d'affection que de son frère Théo, fait l'objet aujourd'hui de commentaires élogieux, de recherches et de thèses. Il n'a jamais vendu de toile de son vivant, or ses tableaux atteignent maintenant des prix astronomiques; le 30 mars 1987, Les Tournesols atteint la somme record de 240.000.000 francs ! Artiste maudit ? Revenons sur la vie de Van Gogh.

Genèse d'un poète maudit

Vincent Willem Van Gogh est né le 30 mars 1853 à Goort Zundert. Sa famille aristocratique hollandaise compte de nombreux artistes et des pasteurs, son père Theodorus Van Gogh en charge de la paroisse de l'Eglise Réformée Hollandaise. Ses parents sont liés par des liens de famille avant même leur mariage, puisque la soeur de la mère de Van Gogh a épousé le frère de son père : les noeuds familiaux sont déjà bien tissés : notons que le frère du père de Vincent Van Gogh s'appelait Vincent Van Gogh... Vincent et Theo, déjà, le "couple fraternel" est présent à la génération précédente.
Ses parents le poussent à étudier, et Vincent suit son oncle Vincent Van Gogh (l'ancien) dans la profession du négoce d'art. Il s'essaie aussi à la prédication évangélique, comme s'il avait hésité entre les deux vies, celle de son père, Théo, pasteur, et celle de son oncle, Vincent, négociateur en art.

Mais son tempérament solitaire le pousse à une vie de reclus. A 27 ans, autodidacte, Vincent devient peintre. C'est alors que commence pour lui une vie de grand isolement, comme si Vincent n'avait pas de place sur cette terre.

La folie de Van Gogh ?

Van Gogh n'est pas un fou au sens propre du terme , il a une vie intellectuelle intense, il est épileptique, il a des hallucinations auditives et visuelles, il est dépressif et angoissé.. il devient alcoolique et abuse de l'absinthe. C'est un homme prisonnier de sa solitude. Il est capable de s'automutiler, comme lorsqu'il se tranchera l'oreille. Mais quel est le secret de cet homme à la vie apparemment maudite ?

Un secret de famille : Vincent Van Gogh vit la vie d'un "mort vivant"

Tout ces événements semblent nous donner l'idée d'un homme qui n'a pas de place, qui ne peut pas trouver sa place et qui vit pour ainsi dire la vie d'un mort. Mais comment cela est possible ? Essayons d'analyser le "cas" Vincent Van Gogh à la lumière d'un outil thérapeutique moderne, la psychogénéalogie.
Vincent Van Gogh est né un an jour pour jour après un frère aîné mort né prénommé comme lui Vincent Willem, tout comme un autre peintre célèbre, Salvador Dali qui a été quant à lui conçu 10 jours environ après le décès d'un frère aîné prénommé également Salvador et décédé à l'âge de 22 mois.
Vincent Van Gogh, né un an après la mort de son frère aîné, a passé toutes les journées de ses anniversaires quand il était jeune au cimetière, pour accompagner sa mère, devant la tombe d'un autre Vincent Van Gogh, celui que sa mère pleurait et celui dont elle portait le deuil. Dans un sens, ce frère ainé portant le même nom que lui est, nous le comprenons bien à la lumière de la psychogénéalogie, le "vrai" Vincent, lui est le fantôme, l'enfant de remplacement qui ne parviendra jamais à satisfaire sa mère puisque sa place est déjà prise.

Le syndrome de l'enfant de remplacement

Après avoir analysé le tableau de Van Gogh Les premiers pas, Anne Ancelin Schützenberger, spécialiste en psychogénéalogie, a expliqué que la difficulté pour Van Gogh à trouver sa place au soleil est due au fait qu'il était un "enfant de remplacement", c'est à dire qu'il a été conçu pour remplacer son frère ainé mort, ce qui est confirmé d'ailleurs par le fait qu'il est né un an jour pour jour après ce frère ainé ; Anne Ancelin nous explique qu'il s'agit d'un "syndrome d'anniversaire". Il partageait avec ce frère ainé défunt les mêmes prénoms et la même date de naissance. On sait que Vincent Van Gogh redécouvrit ce secret de famille à l'âge adulte en passant par le cimetière, et il en éprouva un énorme choc puisqu'il vit "sa" propre tombe avec son nom, et sa date anniversaire.

Vincent et Theo

Le 31 janvier 1890, nait un autre petit Vincent Van Gogh... Theo, le frère du peintre, a choisi de nommer son propre fils du nom de son frère, mais aussi de son frère ainé défunt, et de son oncle...Vincent Van Gogh, dans ses lettres à Théo, ne nommait jamais le futur Vincent par son nom mais l'appelait "le petit", et il choisit de se donner la mort quelques mois après la naissance de ce "petit", comme s'il n'y avait pas de place pour un autre vivant et que sa mission d'enfant de remplacement était close.

A consulter :
Serge Tisseron, Secrets de famille, mode d'emploi, Marabout Psy 2007.
un article de la revue française de psychanalyse
Presses Universitaires de France | Revue française de psychanalyse, 2003/2 - Volume 67, pages 673 à 683

Les fantômes d'Hamlet : être ou ne pas être ?

La folie d'Hamlet a fait couler beaucoup d'encre. A la lumière de la psychogénéalogie, faisons surgir les âmes errantes qui hantent l'esprit du héros de la tragédie.
Deux psychanalystes hongrois de génie, Nicolas Abraham et Maria Torok, peuvent nous aider aujourd'hui à comprendre la notion de fantôme transgénérationnel. Ces deux auteurs ont pu mettre au jour au fil de leur pratique l'idée qu'une personne pouvait être la "crypte" d'un "fantôme générationnel", c'est à dire souffrir d'une névrose d'influence et devoir revivre comme une fatalité le destin d'un ancêtre.

La crypte et les fantômes

Ils notent par exemple que lorsqu'un enfant porte le prénom de l’enfant mort né qui le précède, il est comme prédestiné et obligé de vivre la vie d’un autre, l’enfant ne se sent pas à sa place, ne vit pas sa vie mais celle de l’autre. Ce cas n’est pas réservé aux enfants de remplacement après une fausse couche ou une mort prématurée d’un bébé ; on peut trouver le même cas de "psychose d’influence" ou de "névrose d'influence" (selon la gravité des symptômes) dans le cas de la reprise du prénom d’un ancêtre défunt. Le « fantôme » que l’enfant porte en lui a alors une telle importance qu’il semble lui voler son identité, sa vie, sa place. D’où une incapacité à prendre sa place dans la vie. Le poids des secrets de famille est alors si lourd que la personne semble dépossédée de sa vie, elle semble hantée par la vie de l'ancêtre.

Le fantôme du père d'Hamlet

La folie d'Hamlet... Folie réelle, folie feinte ? Essayons de l'étudier avec l'outil de la psychogénéalogie pour découvrir l'influence du fantôme du père sur le jeune héros de la tragédie shakespearienne. Hamlet ici nous éclaire, quand le génie poétique de Shakespeare nous montre le héros littéralement hanté par le fantôme de son père, Hamlet l’ancien. La pièce s'ouvre sur une apparition de ce fantôme paternel à Hamlet. Son défunt père lui a ordonné d’accomplir à sa place la terrible vengeance contre Claudius, son assassin. Et c’est bien hanté par le fantôme du père qu’il prononce son célèbre monologue, quand « Être ou ne pas être » est la quintessence de ce tiraillement. Hamlet hésite, aboulique, hésitant toujours entre accomplir la volonté inaccomplie du père ou accomplir sa propre volonté, entre continuer à vivre à la place de son père Hamlet l’ancien ou vivre la vie d’Hamlet le jeune. C’est ainsi qu’Hamlet pourra dire : « Il en faut des morts, pour qu’un fantôme retrouve la paix."

Une vie volée : la folie d'Hamlet

Mais ce fantôme provoquera folie (apparente ou réelle) et suicide : il n’y a pas de place pour deux êtres en un seul homme. Hamlet dira plus loin dans la même scène en s’adressant au fantôme de son père : « Et dis-moi, vaillant papa, qui donc vais-je, à défaut de fils ou de parent, importuner ; qu’il venge mon lâche assassinat ? ». Avec Hamlet, on voit bien que les morts de Claudius, d’Ophélie et d’Hamlet lui-même n’ont pas permis au fantôme de retrouver la paix. Hamlet conclut donc, toujours dans le même monologue : « Avec moi s’éteint ta souche ! » Et on le constate en psychogénéalogie, si la solution n’est pas trouvée, la souche risque de s’éteindre. La famille disparaît, comme si les descendants, faute d’avoir trouvé la solution au problème de leurs ancêtres, ne pouvaient continuer à transmettre le nom et l’héritage généalogique.

Les dettes familiales : le poids de la malédiction

Il semble bien en réalité que la quête non résolue d'une génération revienne hanter sur le mode pathologique la ou les générations suivantes, comme autant de remises en scènes des traumatismes non résolus, des secrets de famille non éclaircis à une génération. La génération suivante se sentirait investie, d’une certaine manière de cette part de l’héritage psychique, ce qui peut s’exprimer tant au niveau du corps, de l’âme ou de l’esprit, comme on l’a vu plus haut. Comme l’a dit le psychiatre américain Ivan Boszormenyi-Nagy, dans certaines familles il existe une sorte de registre des comptes familiaux sur plusieurs générations. À un moment donné, un descendant est obligé ou plutôt se sent investi de la mission de régler la note et de tout remettre à zéro, comme s’il fallait payer les dettes du passé.
Dans ce cas, un travail thérapeutique peut se révéler fort utile, car le poids de leurs fautes leur appartient et le descendant peut s'en libérer pour vivre sa vie en toute liberté.

A lire : Nicolas Abraham, Maria Torok, L'écorce et le Noyau, Poche 2009.
Pour les différentes citations, voir William Shakespeare, Hamlet, Acte VI scène 2.

vendredi 25 novembre 2011

Faire "comme si" : Pirandello et la folie ordinaire

Nous ne savons pas si c'est la folie de la femme de Pirandello qui a inspiré son écriture ou vice-versa. Néanmoins dans Henri IV une lucide folie s'empare des personnages
Pirandello, grand auteur sicilien multitalentueux , né à Agrigente, a écrit entre autres œuvres, une tragédie dont le sujet est la mise en scène de notre folie ordinaire dans les relations que nous entretenons avec les autres. Nous ne savons pas si c'est la paranoïa de sa femme, qui inspire l'écriture de Luigi Pirandello ou vice-versa. En tout cas sa vie (avec une tentative de suicide) et celle de sa famille est difficile et douloureuse.

La folie sur scène

Henri IV est une tragédie écrite en deux semaines par Pirandello. La pièce se déroule sur une journée, au cours de laquelle le personnage principal joue le rôle de l’empereur Henri IV du Saint Empire. Pendant une cavalcade, organisée au cours d'une fête en costume, le personnage (qui reste toujours sans nom) tombe de cheval et commence à jouer son rôle d’Henri IV, mais sérieusement ! L’invraisemblable de l’histoire arrive quand son entourage décide de se prêter à sa folie et de jouer à la cour de l’empereur. Les personnages de la cour ont la lucidité de savoir qu’ils jouent leur rôle et décident alors de se concerter avec un docteur pour trouver le moyen de guérir le personnage principal et de le libérer de son illusion royale.

"Comme si"

« Tout doit être comme si c’était vrai. » L’imprévu arrive quand Henri IV montre une certaine lucidité dans ses discours sur son personnage, sur sa folie et sur l’illusoire cour : « Quelle révélation n’est-ce pas ? Le suis-je ou ne le suis-je pas ? Eh oui, je suis fou ! Mais alors, pardieu, à genoux, à genoux ! Je vous l’ordonne : tous à genoux devant moi ! Allons ! Devant les fous tout le monde doit être à genoux ! ». Il montre à une partie de sa cour qu’il n’est pas fou, qu’il connait les vraies identités des personnes qui jouent à la cour du roi. La question remonte en surface : mais alors, est-il fou ou non ?

Nos masques

La lucidité d’ Henri IV dure le temps de leur expliquer qu’ils auraient du profiter et vraiment vivre dans l’histoire du XI siècle, et non pas faire semblant : « Cet habit, qui pour moi est la caricature évidente et consciente de cette autre mascarade continuelle dont nous sommes, à toutes les minutes, les pantins involontaires quand, sans le savoir, nous nous déguisons en ce que nous imaginons être, cet habit, leur habit (…) Tu sais, on en prend facilement l’habitude, et on parcourt une salle de ce genre avec un naturel parfait, comme un héros de tragédie.»
Luigi Pirandello, Henri IV, Gallimard, 1988.

jeudi 24 novembre 2011

Anorexie : les symptômes qui doivent donner l'alarme

Maigrir vite, maigrir à tout prix : le drame des troubles du comportement alimentaire. Perdre du poids jusqu'à en mourir ? Ultra- maigreur ou anorexie ?
Comment perdre du poids jusqu’à en mourir ? C’est la question que se posent de nombreuses personnes atteintes d’anorexie mentale, chaque jour. Essayons d’en savoir plus sur cette pathologie alimentaire qui fait couler beaucoup d’encre.
Hilde Bruch, psychiatre spécialiste reconnue dans le monde entier pour l’anorexie mentale, nous dit dans Les yeux et le ventre : « Les anorexiques ne cherchent pas à mourir, mais à contrôler leur vie et à trouver leur identité » En fait, cette solution pour tenter de vivre peut entraîner la malade à la mort, inexorablement…

La genèse d’une pathologie

Selon Hilde Bruch,la question de l’anorexie mentale ne se réduit pas à l’alimentation. Et pourtant, ce terme est employé à tort et à travers dans notre société contemporaine : telle top-modèle est anorexique, on craint pour le comportement alimentaire de sa fille, de celle de sa voisine… Comment reconnaitre les symptômes d’une vraie anorexie mentale, sachant que l’anorexie mentale touche, selon les estimations, 0,5% des jeunes filles dans la forme anorexique pure, et environ 1 à 2% des femmes dans ses différentes formes, y compris l’anorexie-boulimie ?

"Les anorexiques luttent contre le fait d’être réduites en esclavage, exploitées, et de ne pas mener la vie de leur choix. Elles préfèrent se priver de nourriture plutôt que de continuer à mener une vie de compromis », nous dit Bruch.

Les « 3 A », trois symptômes qui tirent le signal d’alarme :

  • Amaigrissement :
L’adolescente anorexique ne supporte pas les modifications de son corps dues à la puberté, comme beaucoup d’adolescentes. Mais chez l’anorexique, on peut noter différents symptômes alarmants ; accroissement intense de l’activité, perte de poids dramatique, résistance à la sensation de faim. L’amaigrissement est parfois spectaculaire, le corps décharné, mais la jeune fille prétend qu’elle va bien.
  • Aménorrhée :
La modélisation avec le corps de femme de sa mère, corps sexué, est refusée, la patiente en est incapable : d’où le désintéressement pour la sexualité, et même la crainte de la sexualité. L’amaigrissement a pour conséquence de supprimer les formes féminines du corps de l’anorexique, plus de formes rondes, plus de sein ni de hanches, et surtout, absence des règles : l’aménorrhée traduit bien ce désir de rompre avec le cycle de la féminité, le cycle de la sexualité et de la maternité possible.
  • Anorexie :
Victoire sur la faim, soulagement dû à l’interruption des règles qui libèrent ces adolescentes des marques de la féminisation, hyperactivité intellectuelle, physique, sociale, qui provoquent chez l’adolescente une sensation d’euphorie. Mais voici que surviennent fréquemment les contre-réactions boulimiques chez près de la moitié des anorexiques. Elles cachent souvent les vomissements au psychiatre comme à leur famille.

Une lutte pour la vie

On voit s’installer une lutte de pouvoir : l’anorexique affirme une volonté inflexible, elle proteste de sa bonne santé, elle n’est pas malade. Reprendre du poids est vécu comme une contrainte menaçant leur existence même : elles ont peur d’être dépossédées d’elles mêmes, et on voit bien ici qu’il s’agit d’une lutte pour la vie…
On peut souligner qu’à l’inverse des anorexiques qui considèrent leur comportement alimentaire comme normal et en sont même fières, les boulimiques ont conscience de l’anormalité de leur comportement et en ont honte.

Quelles solutions ?

Maladie de l’autonomie, maladie de l’identité, l’anorexie mentale marque bien un arrêt du développement de la jeune fille au cours de cette phase essentielle d’autonomisation que l’adolescence est sensée être. Il ne s’agit donc pas uniquement de régler la question de la perte de poids dramatique qui engage parfois le pronostic vital, et qui est prise en charge dans ce cas par une hospitalisation à l’écart de la famille. Les spécialistes s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’aider la personne également sur le plan psychothérapeutique, en travaillant sur l’identité, l’autonomie, la culpabilité, l’individuation. Maladie de l’identité avant tout, la guérison est longue, mais possible.
  A voir: cette vidéo du Professeur Marcel Rufo, qui tente de décrypter l'anorexie avec Caroline, une jeune fille souffrant d'anorexie

À lire :
Hilde Bruch, Les yeux et le ventre, Payot, 1994.
Hilde Bruch, Conversations avec des anorexiques, Payot, 2005.

mercredi 23 novembre 2011

Ennéagramme Découverte de soi et évolution des types de personnalités

La méconnaissance de soi-même est la chose mieux partagée au monde ! Pourquoi je ne suis pas heureux ? Voici quelques pistes pour mieux se comprendre soi-même.
Métro-Boulot-Dodo ! Derrière ce refrain, que tous les Parisiens connaissent, se cache la réalité du fait que la vie de tous les jours peut parfois prendre un rythme tel que nous devenons comme des machines. Oui à la civilisation technologique avec tous les avantages matériels, mais à quel prix ? Le monde est enfin à notre portée, et il suffit de prendre un avion pour passer un weekend de l’autre côté de la planète. Vite, encore plus vite, toujours plus vite !

Se connaitre pour guérir

À côté de cela, une grande soif de connaissance de soi se développe. Le XXème siècle a été révolutionné par Freud qui a littéralement bouleversé notre façon de parler et de penser. Aujourd’hui encore plus les formations psychologiques, universitaires ou professionnelles, ne font que se multiplier en montrant le besoin de se connaitre, la quête de connaissance de soi même, le désir de trouver des réponses à ses propres difficultés, à son histoire souvent douloureuse et apparemment sans issue.

Efficacité et simplicité

Si vous êtes en quête de vous comprendre un peu plus mais que vous n’aimez pas vous plonger dans des longues et interminables lectures psy, l’outil de l’Ennéagramme est fait pour vous ! L’Ennéagramme, donc, qui appartient à la sagesse de l’humanité même car ses origines sont perdues dans le passé est devenu aujourd’hui en France un point de repère. En famille, au travail, en amour, cet outil nous explique que nous ne sommes pas différents seulement par couleur de la peau, par origine ethnique mais aussi que nous avons des psychologies différentes. Toutes les incompréhensions avec mon chef, ma femme, mon mari et mes amis peuvent maintenant trouver une simple explication : nous fonctionnons tous différemment ! C'est-à-dire que chacun d’entre nous a une psychologie spécifique qui va donner dans le concret des relations de la vie quotidienne une façon de voir le monde et ainsi une façon typique d’agir. C’est pourquoi l’Ennéagramme, dans notre époque globale, peut devenir une école de la tolérance et du respect de la différence.

Neuf profils psychologiques

Dans les années 70, aux Etats Unis, certains psychiatres (notamment les chefs de file : Oscar Ichazo et Claudio Naranjo) ont compris que les nouveaux patients qui arrivaient en thérapie ne souffraient pas des troubles mais venaient avec un problème, un souci, pour demander un conseil, pour être accompagnés dans un changement de travail... Ils intègrent ainsi l’Ennéagramme dans leur pratique thérapeutique en y gagnant tout suite en rapidité et efficacité. Pourquoi ? Parce que l’Ennéagramme simplifie la connaissance de soi et des autres. Dans la logique de l’Ennéagramme, il y a neuf types de psychologie. Cela veut dire que chacun appartient à un de ces neuf profils psychologiques de base. À partir de la découverte de ce que nous sommes, avec bien sûr l’unicité de notre histoire, nous pouvons commencer un travail de guérison intérieure. En effet l’Ennéagramme, en nous aidant à nous situer dans un profil, nous remet à notre place, nous explique nos comportements inconscients et nous aide à trouver une nouvelle dynamique de changement, surtout dans les domaines de notre vie que nous voulons changer.
A lire:
Helen Palmer, Le guide de l'Ennéagramme: comprendre les autres au quotidien, InterEditions, 2009.
Eric Salmon, ABC de l'Ennéagramme, Grancher, 1997.

SMART : comment définir ses objectifs pros et personnels ?

Technique de définition d'objectif très utilisée en entreprise, la méthode SMART est à la portée de tous pour une réorientation pro ou un changement de vie.
Qui ne s'est pas déjà retrouvé à un carrefour de vie, hésitant entre plusieurs chemins professionnels ou personnels sans savoir comment évaluer le pour et le contre des différentes voies qui s'ouvrent vers l'avenir? La méthode SMART, issue de la Programmation neuro-linguistique, est très utilisée dans le monde de l'entreprise tout simplement parce qu'elle est efficace et simple à mettre en place pour définir ses objectifs de vie.

La PNL et la méthode SMART : une méthode simple, mais efficace

Comme l'indique le site officiel PNL-France, de nombreuses entreprises ont adopté cette méthode qui peut paraître simple, mais qui est très efficace, quoique largement méconnue du grand public. Selon le site, l'objectif des fondateurs de la PNL " n'est pas de développer une théorie, il en existe déjà de nombreuses, mais plutôt de créer un modèle efficace."

Vous trouverez ici cette méthode que les entreprises utilisent avec succès, résumée simplement pour pouvoir l'utiliser facilement au quotidien dans votre vie professionnelle ou personnelle.

Qu'est-ce que la méthode SMART ? Comment l'appliquer au quotidien ?

Souvenons-nous de la question absurde d'Alice au Pays des Merveilles au Chat du Cheshire, dans l'oeuvre de Lewis Caroll : "Pouvez-vous me dire, s'il vous plait, quel chemin je dois prendre pour m'en aller d'ici?"
Bien souvent, lorsque nous nous trouvons à un carrefour de vie, nous n'avons qu'une envie : nous sortir d'une situation dans laquelle nous nous sentons mal. Cette orientation sur le problème, sur le passé, ("pour m'en aller d'ici") est un point de vue très inefficace mais malheureusement tout aussi répandu... "On n'est pas sorti de l'auberge", dit-on familièrement pour décrire une situation difficile. Soit. Mais pour en sortir, encore faut-il savoir où aller. Sinon, l'immobilisme nous menace, car il est plus facile finalement de demeurer dans une situation inconfortable mais connue, que de se mettre en mouvement vers un but imprécis. La première étape d'une définition d'objectif SMART est donc de définir précisément l'orientation à prendre.

SMART : les initiales de Spécifique, Mesurable, Approprié, Réaliste, Temporel.

L'outil SMART permet de mobiliser nos énergies pour un but positif. En envisageant un objectif, nous pouvons donc nous demander s'il passe le test SMART :
  • Spécifique : un objectif doit être précis, nommé, explicite. Par exemple : je veux obtenir une augmentation de "x" et non "je ne gagne pas assez d'argent". Ou encore : "pour ma reconversion professionnelle, je veux me former pour devenir coach", et non "je voudrais faire quelque chose de ma vie, je ne supporte plus ma vie pro actuelle".
  • Mesurable : l'objectif à atteindre doit être mesurable en chiffres : dans combien de mois, années, je serai "X" ? Quel investissement en temps, en travail et en argent sera nécessaire pour devenir "X" ? Vous devez être bien conscient de ces données chiffrées avant de vous lancer dans une formation pro, par exemple, afin de ne pas vous décourager en chemin.
  • Approprié : l'objectif ciblé doit correspondre à vos capacités physiques, intellectuelles, à vos talents, même s'il s'agit de talents en germe et non encore exploités pleinement.
  • Réaliste : attention au syndrome des "listes du premier de l'An", irréalisables car correspondant à une perfection inatteignable... au besoin, fixez-vous des objectifs intermédiaires à atteindre au fur et à mesure plutôt qu'un objectif parfait ...d'irréalisme !
  • Temporel : Définissez le chemin à parcourir dans le temps avant d'obtenir votre objectif, au besoin, fractionnez le chemin en plusieurs étapes temporelles : par exemple, dans un mois, j'ai complété mon dossier de demande de formation, dans 3 mois, c'est l'entrée en formation, dans un an, j'ai terminé ma formation et je suis "X".
Sources :
Richard Bandler, Les secrets de la communication, les techniques de la PNL, Editions de l'Homme 2005.

Psychogénéalogie : le syndrome anniversaire, de quoi s'agit-il ?

Etudié par le Dr Anne Ancelin Schutzenberger, le "syndrome anniversaire" est la manifestation de non-dits ou de secrets de famille sur plusieurs générations
On ne peut évoquer le sujet du syndrome anniversaire en psychogénéalogie sans parler des importantes contributions d’Anne Ancelin Schutzenberger, psychologue française à qui nous devons peut être les recherches les plus significatives sur le sujet. Ce phénomène est déjà évoqué par les psychanalystes Abraham et Torok dans l'Ecorce et le Noyau, ou par Didier Dumas dans l'Ange et le Fantôme.

Qu'est-ce que le syndrome anniversaire ?

Dans son livre Aie mes Aïeux, Anne Ancelin Schutzenberger nous parle de véritables romans familiaux se répétant de génération en génération. Par exemple dans une famille, un arrière-grand-père meurt gazé à la Guerre de 14. Elle note (preuves scientifiques à l’appui, Anne Ancelin Schutzenberger travaillant avec des méthodes universitaires très rigoureuses) que tous les descendants de cet homme, jusqu’à ce que l’on fasse mémoire consciemment de cet événement, souffriront par exemple d’asthme en particulier aux alentours des dates anniversaires de la bataille où l’ancêtre est mort.
Il est intéressant de noter que le docteure Ancelin Schutzenberger a connu dans sa propre famille l’application de cette pratique, en découvrant un cycle de morts à répétition frappant toujours le deuxième enfant des couples. Il s’agissait là d’une commémoration dans la mémoire familiale, et non d’une simple série de coïncidences sans signification…. Jusqu’à ce que l’événement initial, qui a été à l’origine de la série de répétitions, soit remis à sa place dans l’histoire familiale. "Lorsqu’un problème présente des similitudes avec un autre survenu dans le passé, la psychothérapeute parle de "syndrome d’anniversaire". (Psychologies Magazines, références citées en bibliographie).

Les syndromes anniversaires et le génosociogramme

Le principal concept développé par Anne Ancelin Schutzenberger est celui du « syndrome anniversaire », dans la mesure où, nous dit-elle, nous sommes, psychologiquement, la résultante de notre histoire familiale, sur plusieurs générations. Les faits marquants de la vie de nos ancêtres, ainsi que les non-dits et secrets de famille, rejaillissent ou se répètent sur plusieurs générations.
Une analyse des arbres généalogiques, ou de toute autre archive familiale, permet à Anne Ancelin Schutzenberger de détecter des transmissions comportementales (tendances suicidaires, échecs à répétition...) et permet ainsi aux analysants en cours de thérapie de mieux comprendre certains de leurs agissements propres, et les agissements de leurs parents. C’est ce qu’elle a mis en place par la pratique du génosociogramme.

Les scénarios de répétition et la psychogénéalogie

La connaissance par le patient de sa propre histoire familiale permet alors à celui-ci d'avoir un outil qui pourrait infléchir le cours de sa vie en évitant de tomber dans des boucles de répétition, ces fameux cycles ponctués de dates anniversaires dont Anne Ancelin Schutzenberger nous donne dans son livre Aïe mes aïeux des exemples saisissants :
  • (1) comme ce jeune homme ayant un accident de la route au même âge que son père, à 32 ans, au mois de juillet, accident les ayant laissé tous deux dans des circonstances analogues en fauteuil roulant,
  • (2) ces enfants nés au jour anniversaire de la mort d’un ancêtre,
  • ou cette jeune femme déclenchant un cancer exactement à l’âge ou sa propre mère était morte d’un cancer, à 35 ans (3).
Cette prise de conscience du syndrome anniversaire est déjà un travail qui permettra au patient de prendre conscience de ces cycles dont il n'avait pas conscience ou dont il avait l'impression d'être prisonnier. Tout comme pour les secrets de famille, on doit ici noter que l’important n’est pas de noter ces dates anniversaires pour le plaisir.

Eviter les répétitions intergénérationnelles

Le repérage des dates anniversaires n’a de sens dans un travail en psychogénéalogie que si ces anniversaires ont des conséquences néfastes sur les descendants, s’ils en souffrent et cherchent à s’en libérer. "Ainsi, au Canada, le docteur Devroede, chirurgien à l’hôpital de Sherbrooke, travaille avec ses patients de façon à ne pas programmer leur opération un jour d’anniversaire familial : le jour de la mort d’un aïeul, d’un divorce, d’un accident, etc. " (Psychologies Magazines)
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Anne Ancelin Schützenberger, Aie mes Aïeux, DDB, 1998 pour les citations et les références.
1- Op. cit pages 75 et suivantes, Anne Ancelin cite notamment les études scientifiques menées sur plus de 8680 malades par le docteur Joséphine Hilgard, aux États-Unis, de 1955 à 1989, Joséphine Hilgard a travaillé toute sa vie sur ce syndrome anniversaire en relevant les cas très fréquents qu’elle rencontrait dans son hôpital californien, statistiques à l’appui
2- Op. cit. page 123
3- Op.cit page 77.


Sur la psychogénéalogie et le syndrome d'anniversaire, voir également le dossier de Psychologies Magazines
Bibliographie :
Anne Ancelin Schützenberger, Aie mes Aïeux, DDB, 1998.
Nicolas Abraham, Marie Torok, L'écorce et le Noyau, Flammarion, 1999.
Didier Dumas, L'Ange et le Fantôme: Introduction à la clinique de l'impensé généalogique, Editions de Minuit, 1985.

Nicolas Abraham et Maria Torok : La Crypte et le Fantôme

Les psychanalystes Abraham et Torok explorent le thème des secrets de famille et du "retour du refoulé" dans l'histoire familiale.
Nicolas Abraham, un psychiatre d’origine hongroise, a publié en 1978 avec sa compagne Maria Torok un ouvrage intitulé l'Ecorce et le Noyau, (1) et dans ce livre, Abraham parle des notions de « crypte » et de « fantôme ». Ces deux éléments vont se révéler comme étant extrêmement importants dans le développement de la psychogénéalogie.

Abraham et Torok, théoriciens des "secrets de famille"

Abraham et Torok, en approfondissant l’étude de ces deux concepts, ont donné des bases cliniques aux notions jusque-là assez vagues de « secrets de familles », ou même de « roman familial ». Ainsi, l’histoire exprimée ou non de la famille est une sorte de « geste » au sens moyen-âgeux du terme, où seront embellis bien entendu les soi-disant « exploits » de tel ou tel ancêtre, mais où les faits moins glorieux commis par ces mêmes ancêtres seront tus… Ces faits cachés prennent dès lors une importance d’autant plus grande que l’on aura fait beaucoup d’efforts pour les cacher : « L’ombre de l’objet ne cesse d’errer autour de la crypte jusqu’à se réincarner dans la personne même du sujet » (2) .
On voit ici comment, par le processus d'incorporation du secret, du non-dit familial, la personne "cryptophore" pour reprendre l'expression d’Abraham et Torok, s’approprie à ce point l’indicible qu’elle n’aura de cesse, tout en le voilant au sein de cette crypte, d'incarner le non-dit, le secret, de manière manifeste, dans sa vie, ses actes, ses maladies mêmes...

Qu'est-ce qu'une "crypte" et un "fantôme", selon Abraham et Torok ?

Les recherches cliniques qu’ils ont effectuées leur ont permis d'étudier les cas de personnes ayant fait certains actes ou prononcé certaines paroles « comme si ce n'étaient pas elles », comme si quelque chose ou quelqu'un avait agi à travers elles à ce moment. Ils ont alors émis l'hypothèse qu'un « fantôme transgénérationnel » s'exprimait à travers elles, une sorte de fantôme d'un ancêtre ayant créé lors de son existence une crypte: un secret, un non-dit, un acte inavouable, un traumatisme, etc.
Cet événement qui n’a pas été métabolisé dans le psychisme de celui qui l'a vécu reste dès lors dans le domaine du refoulé; d’où cette notion de « crypte », de pièce mystérieuse en dessous des pièces à vivre du « conscient », pièce où continue à se jouer et à se rejouer cette « légende familiale » loin de la lumière, loin de l’exprimé, d’autant plus agissante, efficace, qu’elle est là, latente…

Le retour du refoulé dans l'inconscient familial

On pourrait ici reprendre Psychopathologie de la vie quotidienne (3) de Freud pour évoquer l’hypothèse suivante : ce qui est refoulé par le conscient d’un individu, mais aussi par le conscient d’une famille, par l’histoire officielle si l’on peut s’exprimer ainsi, va se manifester d’autant plus fort par une sorte de retour du refoulé de l’histoire familiale ressemblant fort à un lapsus. Par exemple l’oubli des noms d’ancêtres à l’histoire non avouable remontera dans le conscient de l’histoire familiale grâce à un enfant qui portera justement, par « hasard », sans que ses parents le sachent au niveau conscient, le même prénom que l’ancêtre « maudit » ou oublié.
On peut également parler d’actes symptomatiques ou accidentels qui rejoueront, parfois à des dizaines d’années de distance, précisément les événements qui ont été vécus par cet ancêtre « oublié ». Pour reprendre les paroles de Freud en les appliquant à la psychogénéalogie et précisément à ces notions de crypte et de fantômes développés par Abraham et Torok, on peut dire que ces actes symptomatiques ou accidentels, bien que refoulés par le conscient, n’ont pas perdu toute possibilité de se manifester et de s’exprimer, l’inconscient les laisse surgir comme autant de lapsus révélateurs des non-dits de l’histoire familiale.

Les non-dits de l'histoire familiale

Cela ressemble un peu à ces photos officielles de l’histoire de l’Union Soviétique, où sont gommés en fonction des besoins de la légende idéale du Petit Père des Peuples tous les personnages gênants qui étaient sur les photos d’origine aux côtés de Staline : ils ont été liquidés, ils sont en prison, dans ces fameuses « cryptes ». En réalité, tout le monde sait, mais personne ne parle…. Et le creux laissé par leur gommage sur la photo officielle prend d’autant plus d’importance; ils sont en fait les personnages essentiels de la photo, quoique invisibles sur les photos retouchées. Et l’histoire, et les générations suivantes, n’auront de cesse de rétablir l’histoire telle qu’elle s’est réellement déroulée et de remettre à leur place ces personnages gommés, pour que la photo, c'est-à-dire en filant la métaphore de ces photos officielles, le système familial, retrouve son équilibre.

Actes manqués et transmission psychique intergénérationnelle

Les membres des générations successives verraient donc à certains moments un « fantôme psychique » se manifester par des actes ou des paroles manquées. Les deux auteurs posent la question de la transmission psychique transgénérationnelle. En effet, après la mort de l’ancêtre, du parent, « le refoulement (…) conserve précieusement, quoique dans l’inconscient, ce que le Moi ne saurait figurer que comme un cadavre exquis, gisant quelque part en lui, et dont il n’aura de cesse de rechercher la trace dans l’espoir de le faire revivre un jour. » (4)
Les descendants de ces ancêtres disparus mais encore présents seraient donc des « porteurs de cryptes », qui conservent en eux les « lacunes laissées en nous par les secrets des autres ». Abraham et Torok distinguent les traumatismes psychiques survenus lors d’expériences personnelles et les traumatismes psychiques causés par l’influence transgénérationnelle des expériences traumatisantes faites par des ascendants que l’on pourra appeler surgissement du fantôme, ou encore en reprenant l’expression anglaise si parlante, « les squelettes dans le placard ».

Traumatismes personnels et manifestations du secret de famille

Ainsi, Abraham et Torok nous disent que les traumatismes personnels donnent lieu à un « refoulement conservateur », qui immobilise dans une « crypte » (que l’on pourra définir de manière plus technique comme étant une partie clivée du moi, un endroit où seraient, d’après Abraham et Torok, « séquestrées » dans une sorte de « caveau secret ») des réalités oubliées. Ces réalités oubliées sont en fait des événements qui se sont passés mais qui ont été exclus, supprimés du champ de la conscience, de la mémoire, ou du champ de la transmission orale de l’histoire de vie, par exemple.
En fait, on refuse que ces réalités catastrophiques aient vraiment existé, ces réalités de vie pouvant être aussi diverses que par exemple la conduite « déshonorante » d’un ancêtre au cours de la dernière guerre mondiale, de la survenue d’un enfant illégitime, d’une faillite, pour citer quelques exemples rencontrés dans la vie courante ou encore mis en scène par exemple dans des livres ou dans des films. (Citons simplement Hamlet, le film Quelque chose à te dire avec Mathilde Seigner, ou encore La vie de Vincent Van Gogh).
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1- L’Ecorce et le Noyau, Flammarion 1999.
2- L’Écorce et le noyau, op. cit page 298
,
3- Psychopathologie de la vie quotidienne, Poche 2006
4- L’écorce et le noyau, op. cit page 242)

Psychodrame analytique : quand le théâtre devient thérapie

Le psychodrame analytique est une méthode thérapeutique créé par Jacob Moreno. Présentation d'une technique thérapeutique encore peu connue mais efficace
 
Le psychodrame analytique est une méthode thérapeutique créé par Jacob Moreno. Présentation d'une technique thérapeutique encore peu connue mais efficace
Le psychodrame analytique permet au patient de mettre en scène ses fantasmes, ses pulsions et ses problèmes pour mieux en prendre conscience et s'en libérer. De quoi s'agit il ? Comment se déroule une séance de psychodrame analytique ?
Le psychodrame analytique : origines, explications et petit historique
Le psychodrame analytique individuel permet de mettre en scène à la manière d'un théâtre ses problèmes, en s'appuyant sur la psychanalyse freudienne. Il ne s'agit pas de mettre en scène ses problèmes devant un public : en termes clairs, ce n'est pas du théâtre narcissique, mais bien un jeu de rôle thérapeutique. Le jeu "comme si" permet de lever les censures et de prendre conscience de refoulements profondément enfouis, selon la terminologie analytique freudienn

C'est au début du XXe siècle que Jacob Levy Moreno, psychosociologue roumain, a créé cette technique en permettant d'unir la catharsis (épuration des passions par le moyen de la représentation dramatique bien connue du théâtre grec antique) à l'analyse.
Par la suite, le "flambeau" du psychodrame analytique a été repris par un psychiatre et psychanalyste, Serge Lebovici, qui s'en en servi pour aider de jeunes patients enfants hospitalisés à l'Hôpital Necker de Paris dont il avait la charge.
Psychodrame analytique: comment cela se passe ?
Contrairement au psychodrame de groupe, le psychodrame analytique individuel se joue entre le patient et l'analyste (plus parfois quelques co-thérapeutes). Le patient est invité à mettre en scène spontanément la tension qui lui vient à l'esprit (problème de couple, phobie, problèmes de l'adolescence... les tensions sont aussi variées que les patients). Le patient, sous la direction du "meneur de jeu" (le thérapeute), met alors en scène avec éventuellement l'aide des co-thérapeutes une scène au sens théâtral du terme, incarnant son problème.
Ainsi, les co-thérapeutes peuvent par exemple représenter les différentes instances du moi (ça, surmoi, moi, etc.), il s'agit de verbaliser le refoulé, et bien souvent, lapsus, actes manqués, sont incarnés et donc conscientisés.
Catharsis: l'origine du concept et son application au psychodrame
Citons Aristote pour préciser le concept de Catharsis (La Politique, traduction de J. Tricot, Vrin, 1995, p584) :
"Nous voyons ces mêmes personnes, quand elles ont eu recours aux mélodies qui transportent l'âme hors d'elle-même, remises d'aplomb comme si elles avaient pris un remède et une purgation. C'est à ce même traitement dès lors que doivent être nécessairement soumis à la fois ceux qui sont enclins à la pitié et ceux qui sont enclins à la terreur, et tous les autres qui, d'une façon générale, sont sous l'empire d'une émotion quelconque pour autant qu'il y a en chacun d'eux tendance à de telles émotions, et pour tous il se produit une certaine purgation et un allégement accompagné de plaisir. "
La mise en scène des passions provoque leur épuration selon Aristote, il s'agit d'une transformation de l'émotion en pensée ou d'une objectivation. Freud reprend ce concept dans sa théorie psychanalytique en disant que la catharsis est en psychanalyse le rappel à la conscience d'une idée refoulée.
Cette méthode peut convenir tout autant aux patients enfants qu'aux adultes, quand ils ne sont pas aidés par le cadre analytique classique.
Vous pouvez consulter également cet article sur le psychodrame de groupe pour aller plus loin.


Pour aller plus loin :
Le Psychodrame psychanalytique individuelde Patrick Delaroche (Bibliothèque scientifique Payot, 1996).
Le Psychodrame et la Viede Pierre Bour (Desclée de Brouwer, 1989).
Passage à l’acte de vie de Sarah Serievic (Souffle d’or, 1999).

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