vendredi 25 novembre 2011

Faire "comme si" : Pirandello et la folie ordinaire

Nous ne savons pas si c'est la folie de la femme de Pirandello qui a inspiré son écriture ou vice-versa. Néanmoins dans Henri IV une lucide folie s'empare des personnages
Pirandello, grand auteur sicilien multitalentueux , né à Agrigente, a écrit entre autres œuvres, une tragédie dont le sujet est la mise en scène de notre folie ordinaire dans les relations que nous entretenons avec les autres. Nous ne savons pas si c'est la paranoïa de sa femme, qui inspire l'écriture de Luigi Pirandello ou vice-versa. En tout cas sa vie (avec une tentative de suicide) et celle de sa famille est difficile et douloureuse.

La folie sur scène

Henri IV est une tragédie écrite en deux semaines par Pirandello. La pièce se déroule sur une journée, au cours de laquelle le personnage principal joue le rôle de l’empereur Henri IV du Saint Empire. Pendant une cavalcade, organisée au cours d'une fête en costume, le personnage (qui reste toujours sans nom) tombe de cheval et commence à jouer son rôle d’Henri IV, mais sérieusement ! L’invraisemblable de l’histoire arrive quand son entourage décide de se prêter à sa folie et de jouer à la cour de l’empereur. Les personnages de la cour ont la lucidité de savoir qu’ils jouent leur rôle et décident alors de se concerter avec un docteur pour trouver le moyen de guérir le personnage principal et de le libérer de son illusion royale.

"Comme si"

« Tout doit être comme si c’était vrai. » L’imprévu arrive quand Henri IV montre une certaine lucidité dans ses discours sur son personnage, sur sa folie et sur l’illusoire cour : « Quelle révélation n’est-ce pas ? Le suis-je ou ne le suis-je pas ? Eh oui, je suis fou ! Mais alors, pardieu, à genoux, à genoux ! Je vous l’ordonne : tous à genoux devant moi ! Allons ! Devant les fous tout le monde doit être à genoux ! ». Il montre à une partie de sa cour qu’il n’est pas fou, qu’il connait les vraies identités des personnes qui jouent à la cour du roi. La question remonte en surface : mais alors, est-il fou ou non ?

Nos masques

La lucidité d’ Henri IV dure le temps de leur expliquer qu’ils auraient du profiter et vraiment vivre dans l’histoire du XI siècle, et non pas faire semblant : « Cet habit, qui pour moi est la caricature évidente et consciente de cette autre mascarade continuelle dont nous sommes, à toutes les minutes, les pantins involontaires quand, sans le savoir, nous nous déguisons en ce que nous imaginons être, cet habit, leur habit (…) Tu sais, on en prend facilement l’habitude, et on parcourt une salle de ce genre avec un naturel parfait, comme un héros de tragédie.»
Luigi Pirandello, Henri IV, Gallimard, 1988.

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