mercredi 23 novembre 2011

Psychogénéalogie : le syndrome anniversaire, de quoi s'agit-il ?

Etudié par le Dr Anne Ancelin Schutzenberger, le "syndrome anniversaire" est la manifestation de non-dits ou de secrets de famille sur plusieurs générations
On ne peut évoquer le sujet du syndrome anniversaire en psychogénéalogie sans parler des importantes contributions d’Anne Ancelin Schutzenberger, psychologue française à qui nous devons peut être les recherches les plus significatives sur le sujet. Ce phénomène est déjà évoqué par les psychanalystes Abraham et Torok dans l'Ecorce et le Noyau, ou par Didier Dumas dans l'Ange et le Fantôme.

Qu'est-ce que le syndrome anniversaire ?

Dans son livre Aie mes Aïeux, Anne Ancelin Schutzenberger nous parle de véritables romans familiaux se répétant de génération en génération. Par exemple dans une famille, un arrière-grand-père meurt gazé à la Guerre de 14. Elle note (preuves scientifiques à l’appui, Anne Ancelin Schutzenberger travaillant avec des méthodes universitaires très rigoureuses) que tous les descendants de cet homme, jusqu’à ce que l’on fasse mémoire consciemment de cet événement, souffriront par exemple d’asthme en particulier aux alentours des dates anniversaires de la bataille où l’ancêtre est mort.
Il est intéressant de noter que le docteure Ancelin Schutzenberger a connu dans sa propre famille l’application de cette pratique, en découvrant un cycle de morts à répétition frappant toujours le deuxième enfant des couples. Il s’agissait là d’une commémoration dans la mémoire familiale, et non d’une simple série de coïncidences sans signification…. Jusqu’à ce que l’événement initial, qui a été à l’origine de la série de répétitions, soit remis à sa place dans l’histoire familiale. "Lorsqu’un problème présente des similitudes avec un autre survenu dans le passé, la psychothérapeute parle de "syndrome d’anniversaire". (Psychologies Magazines, références citées en bibliographie).

Les syndromes anniversaires et le génosociogramme

Le principal concept développé par Anne Ancelin Schutzenberger est celui du « syndrome anniversaire », dans la mesure où, nous dit-elle, nous sommes, psychologiquement, la résultante de notre histoire familiale, sur plusieurs générations. Les faits marquants de la vie de nos ancêtres, ainsi que les non-dits et secrets de famille, rejaillissent ou se répètent sur plusieurs générations.
Une analyse des arbres généalogiques, ou de toute autre archive familiale, permet à Anne Ancelin Schutzenberger de détecter des transmissions comportementales (tendances suicidaires, échecs à répétition...) et permet ainsi aux analysants en cours de thérapie de mieux comprendre certains de leurs agissements propres, et les agissements de leurs parents. C’est ce qu’elle a mis en place par la pratique du génosociogramme.

Les scénarios de répétition et la psychogénéalogie

La connaissance par le patient de sa propre histoire familiale permet alors à celui-ci d'avoir un outil qui pourrait infléchir le cours de sa vie en évitant de tomber dans des boucles de répétition, ces fameux cycles ponctués de dates anniversaires dont Anne Ancelin Schutzenberger nous donne dans son livre Aïe mes aïeux des exemples saisissants :
  • (1) comme ce jeune homme ayant un accident de la route au même âge que son père, à 32 ans, au mois de juillet, accident les ayant laissé tous deux dans des circonstances analogues en fauteuil roulant,
  • (2) ces enfants nés au jour anniversaire de la mort d’un ancêtre,
  • ou cette jeune femme déclenchant un cancer exactement à l’âge ou sa propre mère était morte d’un cancer, à 35 ans (3).
Cette prise de conscience du syndrome anniversaire est déjà un travail qui permettra au patient de prendre conscience de ces cycles dont il n'avait pas conscience ou dont il avait l'impression d'être prisonnier. Tout comme pour les secrets de famille, on doit ici noter que l’important n’est pas de noter ces dates anniversaires pour le plaisir.

Eviter les répétitions intergénérationnelles

Le repérage des dates anniversaires n’a de sens dans un travail en psychogénéalogie que si ces anniversaires ont des conséquences néfastes sur les descendants, s’ils en souffrent et cherchent à s’en libérer. "Ainsi, au Canada, le docteur Devroede, chirurgien à l’hôpital de Sherbrooke, travaille avec ses patients de façon à ne pas programmer leur opération un jour d’anniversaire familial : le jour de la mort d’un aïeul, d’un divorce, d’un accident, etc. " (Psychologies Magazines)
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Anne Ancelin Schützenberger, Aie mes Aïeux, DDB, 1998 pour les citations et les références.
1- Op. cit pages 75 et suivantes, Anne Ancelin cite notamment les études scientifiques menées sur plus de 8680 malades par le docteur Joséphine Hilgard, aux États-Unis, de 1955 à 1989, Joséphine Hilgard a travaillé toute sa vie sur ce syndrome anniversaire en relevant les cas très fréquents qu’elle rencontrait dans son hôpital californien, statistiques à l’appui
2- Op. cit. page 123
3- Op.cit page 77.


Sur la psychogénéalogie et le syndrome d'anniversaire, voir également le dossier de Psychologies Magazines
Bibliographie :
Anne Ancelin Schützenberger, Aie mes Aïeux, DDB, 1998.
Nicolas Abraham, Marie Torok, L'écorce et le Noyau, Flammarion, 1999.
Didier Dumas, L'Ange et le Fantôme: Introduction à la clinique de l'impensé généalogique, Editions de Minuit, 1985.

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