jeudi 24 novembre 2011

Anorexie : les symptômes qui doivent donner l'alarme

Maigrir vite, maigrir à tout prix : le drame des troubles du comportement alimentaire. Perdre du poids jusqu'à en mourir ? Ultra- maigreur ou anorexie ?
Comment perdre du poids jusqu’à en mourir ? C’est la question que se posent de nombreuses personnes atteintes d’anorexie mentale, chaque jour. Essayons d’en savoir plus sur cette pathologie alimentaire qui fait couler beaucoup d’encre.
Hilde Bruch, psychiatre spécialiste reconnue dans le monde entier pour l’anorexie mentale, nous dit dans Les yeux et le ventre : « Les anorexiques ne cherchent pas à mourir, mais à contrôler leur vie et à trouver leur identité » En fait, cette solution pour tenter de vivre peut entraîner la malade à la mort, inexorablement…

La genèse d’une pathologie

Selon Hilde Bruch,la question de l’anorexie mentale ne se réduit pas à l’alimentation. Et pourtant, ce terme est employé à tort et à travers dans notre société contemporaine : telle top-modèle est anorexique, on craint pour le comportement alimentaire de sa fille, de celle de sa voisine… Comment reconnaitre les symptômes d’une vraie anorexie mentale, sachant que l’anorexie mentale touche, selon les estimations, 0,5% des jeunes filles dans la forme anorexique pure, et environ 1 à 2% des femmes dans ses différentes formes, y compris l’anorexie-boulimie ?

"Les anorexiques luttent contre le fait d’être réduites en esclavage, exploitées, et de ne pas mener la vie de leur choix. Elles préfèrent se priver de nourriture plutôt que de continuer à mener une vie de compromis », nous dit Bruch.

Les « 3 A », trois symptômes qui tirent le signal d’alarme :

  • Amaigrissement :
L’adolescente anorexique ne supporte pas les modifications de son corps dues à la puberté, comme beaucoup d’adolescentes. Mais chez l’anorexique, on peut noter différents symptômes alarmants ; accroissement intense de l’activité, perte de poids dramatique, résistance à la sensation de faim. L’amaigrissement est parfois spectaculaire, le corps décharné, mais la jeune fille prétend qu’elle va bien.
  • Aménorrhée :
La modélisation avec le corps de femme de sa mère, corps sexué, est refusée, la patiente en est incapable : d’où le désintéressement pour la sexualité, et même la crainte de la sexualité. L’amaigrissement a pour conséquence de supprimer les formes féminines du corps de l’anorexique, plus de formes rondes, plus de sein ni de hanches, et surtout, absence des règles : l’aménorrhée traduit bien ce désir de rompre avec le cycle de la féminité, le cycle de la sexualité et de la maternité possible.
  • Anorexie :
Victoire sur la faim, soulagement dû à l’interruption des règles qui libèrent ces adolescentes des marques de la féminisation, hyperactivité intellectuelle, physique, sociale, qui provoquent chez l’adolescente une sensation d’euphorie. Mais voici que surviennent fréquemment les contre-réactions boulimiques chez près de la moitié des anorexiques. Elles cachent souvent les vomissements au psychiatre comme à leur famille.

Une lutte pour la vie

On voit s’installer une lutte de pouvoir : l’anorexique affirme une volonté inflexible, elle proteste de sa bonne santé, elle n’est pas malade. Reprendre du poids est vécu comme une contrainte menaçant leur existence même : elles ont peur d’être dépossédées d’elles mêmes, et on voit bien ici qu’il s’agit d’une lutte pour la vie…
On peut souligner qu’à l’inverse des anorexiques qui considèrent leur comportement alimentaire comme normal et en sont même fières, les boulimiques ont conscience de l’anormalité de leur comportement et en ont honte.

Quelles solutions ?

Maladie de l’autonomie, maladie de l’identité, l’anorexie mentale marque bien un arrêt du développement de la jeune fille au cours de cette phase essentielle d’autonomisation que l’adolescence est sensée être. Il ne s’agit donc pas uniquement de régler la question de la perte de poids dramatique qui engage parfois le pronostic vital, et qui est prise en charge dans ce cas par une hospitalisation à l’écart de la famille. Les spécialistes s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’aider la personne également sur le plan psychothérapeutique, en travaillant sur l’identité, l’autonomie, la culpabilité, l’individuation. Maladie de l’identité avant tout, la guérison est longue, mais possible.
  A voir: cette vidéo du Professeur Marcel Rufo, qui tente de décrypter l'anorexie avec Caroline, une jeune fille souffrant d'anorexie

À lire :
Hilde Bruch, Les yeux et le ventre, Payot, 1994.
Hilde Bruch, Conversations avec des anorexiques, Payot, 2005.

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